Des automitrailleuses pour les forces de police
Au début de l'année 1932, le consortium Fiat-Ansaldo présenta le prototype d'une automitrailleuse basée sur le châssis du camion tout-terrain Fiat 611 à trois essieux. Bien que répondant à une spécification de l'état major de l'armée émise à la fin des années 1920, l'automitrailleuse n'intéressa pas les militaires. Le ministère de l'intérieur retint en revanche le véhicule pour équiper le Corpo degli Agenti di Pubblica Sicurezza.
Une commande de 10 exemplaires fut passée à Ansaldo en 1933, répartie en deux versions : 5 exemplaires étaient armés de 3 mitrailleuses, tandis que les 5 autres étaient équipés d'un canon de 37/40 en tourelle. Les exemplaires de série se démarquaient du prototype par l'ajout de grilles de protection sur le radiateur et sur les flancs du capot moteur.
Description technique
La particularité de cette nouvelle automitrailleuse par rapport à la Lancia 1Z alors en service était son double poste de conduite, lui permettant de faire marche arrière sans avoir à manoeuvrer. Ce dispositif fut repris sur la série des AB 40 et 41.
L'accès à l'habitacle, particulièrement spacieux, se faisait par une porte située sur le flanc gauche. Une sortie de secours était aménagée sur l'arrière de la caisse, tandis que trois écoutilles (deux à l'avant et une à l'arrière) assuraient la visibilité du pilote.
Le moteur Fiat 122 B essence à six cylindres, soupapes latérales et refroidis à l'eau était situé à l'avant du châssis. La configuration 6x4 permettait d'obtenir de meilleures prestations en tout-terrain, d'autant que les roues arrière pouvaient être munies de chenilles (montées uniquement sur les automitrailleuses immatriculées RE 98 B et 99 B), tandis que les roues de secours montées libres sur leur axe aidaient au franchissement d'obstacles. Malgré le double poste de pilotage, seules les roues avant étaient directrices.
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Les roues arrière jumelées étaient protégées par une plaque blindée équipée de charnières facilitant la maintenance. (crédits photo : collection Piero Parlani) |
L'armement différait selon les versions. La version armée uniquement de mitrailleuses disposait de deux Breda 5 C de 6,5 mm en tourelle et d'une troisième sur l'arrière de la caisse. La version armée d'un canon semi-automatique Vickers Terni de 37/40 en tourelle conservait la mitrailleuse sur l'arrière de la caisse tandis qu'une seconde était montée sur l'arrière de la tourelle. Le canon étant dépourvu de viseur, le pointage s'effectuait de manière plutôt rudimentaire avec une hausse à planchette. Pour le tir nocturne, certains exemplaires reçurent un phare électrique sur le toit de la tourelle en 1939.
Du fait de leur piètre fiabilité, les mitrailleuses Breda furent remplacées par des Lewis de 7,7 mm au début de l'année 1941 et une dotation de bord de 20 grenades fut ajoutée dans chaque véhicule.
Lorsqu'elles étaient en service dans les forces de police, les automitrailleuses Fiat 611 arboraient une livrée bleue avec un fin bandeau tricolore ceinturant la base de la tourelle. Une fois versées à l'Esercito, elles reçurent une livrée gris-vert et un marquage constitué du numéro individuel sur la tourelle pour celles armées d'un canon et du numéro de section (2) suivie du numéro individuel sur la flancs de la caisse pour les autres.
Utilisation opérationnelle
Entre 1933 et 1934, l'activité des Fiat 611 affectées aux forces de l'ordre italiennes se limita au traditionnel défilé du 18 octobre, date anniversaire de la création de la division spéciale de sécurité publique de Rome.
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Fiat 611 des forces de l'ordre lors d'un défilé. Remarquez le faisceau apposé sur la grille du radiateur. | Fiat 611 des forces de l'ordre exposées lors d'une manifestation. |
En vue de l'invasion de l'Éthiopie, l'état major de l'armée décida d'acheter les 5 automitrailleuses Fiat 611 armées de canon en avril 1935, pour un prix unitaire de 86 500 lires. Immatriculées RE 98 B à 102 B et rassemblées au sein de la 1a sezione autonoma di autoblindo speciali « S », elles participèrent au défilé pour la fête du Statut albertin à Rome le 4 juin avant d'être envoyées en Somalie. Leur baptême du feu eut lieu le 6 novembre en direction de l'Ogaden.
Le 29 mars 1936, les Fiat 611 encore en charge au sein des forces de sécurité publique en métropole furent à leur tour envoyées en Somalie, encadrées dans la 2a squadriglia speciale autoblindo S. Arrivées sur le front Sud en avril 1936 et immatriculées RE 103 B à 107 B, elles eurent tout juste le temps de prendre part à l'offensive de l'Ogaden en direction de Djidjiga.
Durant cette première expérience de combat, les Fiat 611 confirmèrent leurs bonnes prestations en marche tout-terrain. Cependant, la disposition des armes se révéla peu ingénieuse, puisqu'en chasse, les Fiat 611 armées de canon ne pouvaient pas se servir de leurs mitrailleuses. La protection se révéla insuffisante contre les tirs des fusils antichars Boys de 14 mm, mais adaptée contre les projectiles des fusils d'infanterie. Enfin, l'absence de radio limitait sérieusement les possibilités de coordination entre véhicules.
Restées en AOI après la conquête d'Addis Abeba, les Fiat 611 participèrent aux opérations de police coloniale contre les groupes rebelles. Durant la seconde guerre mondiale, les automitrailleuses Fiat prirent part à la conquête de la Somalie britannique du 3 au 19 août 1940, entraînant la perte de deux véhicules, puis à la défense de l'empire, malgré leur faible valeur militaire.
Longueur | 5600 mm |
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Empattement | 3500 mm |
Largeur | 2200 mm |
Voie avant / arrière | 1480 / 1502 mm |
Hauteur | 2560 mm |
Garde au sol | 253 mm |
Poids en ordre de combat | 5500 à 6000 kg |
Équipage | 4 |
Moteur | Fiat 122 B essence 6 cylindres de 2532 cm3, développant 46 ch à 2000 tr/min |
Vitesse maximale | 43 à 48 km/h sur route 9 km/h en tout terrain |
Autonomie | 320 km sur route |
Emport en carburant | 120 L |
Protection | 6 à 10 mm |
Armement | 1 canon de 37 mm (50 coups) et 2 mitrailleuses de 6,5 mm (1500 coups) OU 3 mitrailleuses de 6,5 mm (10 000 coups) |
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Fiat 611 du corps des agents de sécurité publique. (crédits : Ruggero Calò) |
Fiat 611 de la 1a sezione autonoma di autoblindo speciali "S" en Somalie. (crédits : Ruggero Calò) |
Sources :
- Corazzati e blindati italiani dalle origini allo scoppio della seconda guerra mondiale, David Vannucci, Editrice Innocenti, 2003
- Gli Autoveicoli da combattimento dell’Esercito Italiano, Volume primo (dalle origini fino al 1939), Nicola Pignato & Filippo Cappellano, Stato Maggiore dell’Esercito, Ufficio Storico, 2002
- I mezzi blindo-corazzati italiani 1923-1943, Nicola Pignato, Storia Militare, 2004
- Mezzi dell'Esercito Italiano 1935-45, Ugo Barlozzetti & Alberto Pirella, Editoriale Olimpia, 1986
- La meccanizzazione dell'esercito dalle origini al 1943, Tomo II, Lucio Ceva & Andrea Curami, USSME, 1994
- A century of italian armored cars, Nicola Pignato, Mattioli 1885, 2008
- Autoblindo AB 40, 41 e 43, Filippo Cappellano, Storia Militare, 2011
- Soldati d'Africa, Storia del colonialismo italiano e delle uniformi per le truppe d'Africa del Regio Esercito Italiano, Volume quarto, 1930-1939, Renzo Catellani & Gian Carlo Stella, Ermanno Albertelli Editore, 2008
- Le bande autocarrate dei Carabinieri Reali in Africa Orientale Italiana, Immagini e storia (febbraio-luglio 1936), Alberto Galazzetti, Marvia edizioni, 2013
- Le autoblindo Fiat 611 mod.34/35 in Somalia, Fulvio Gaspardo, Storia Militare n°227, 2012
Pour reproduire ce véhicule :
Fabricant | Échelle | Référence et désignation | Galerie |
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Il Principe Nero | 1/72 | 72006 Autoblinda Fiat 611 | Maquette de Giorgio Brigà |
GB Modelli | 1/72 | 72004 Fiat 611 armored car | - |
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